Arcimboldodejuin

Snm

Singe d'une nuit hantée

Vendredi de juin on s’autorise un peu de vie de sauvage

Au moins sur la page

Tourner la clé de sol dans la ferrure des pâturages

Se mêler aux dos argentés du blé mûrissant

Prendre la tête du clan des bacchantes des champs

Qu’on aperçoit par la portière

Et qu’une houle céréalière dessine dans l’imagination

Enfin nu comme un ver, libérer cette dernière

Courir dans les ornières aux trousses des simiesques chimères

Prendre les arbres dans les bras en tenue d’Adam d’Ève

Rugir comme une bête son propre Yawp barbare de revanche

Epoumoner l’épique cri des épis gris accroché aux branches

Se frotter à la vie comme à l’écorce et pourquoi pas s’y fondre en devenant le bestial animal naturomorphe

L’hominidé graminé

Involution au crépuscule des hommes

Qui va s’évanouir, pour disparaître peut-être

Devenir le fantôme d’humanité deguingandé

Grand singe d’une nuit hantée

Dont on voit la silhouette bancale

Dodelinée sous la lune spectrale

Se balançant à rebours des labours

Remontant les ruisseaux à contre cours

Tout le long de la nuit civilisée

Puis au matin épuisé d’avoir trop rêvé

Chancelant a l’heure du coq égosillé

L’air de rien, ne devient que du vent

La brise aux mille appellations

Sirop de sirocco

Grenadine de Khamsin

Huile essentielle de ponant

Grand Harmattan de Vendavel

Qui alanguit la peau

S’évanouit au soleil

Ne laissant qu’une empreinte d’arome

Sur la couche épiderme

Estivale essence évanescente éphémère et légère

 

Dis Giuseppe, tu sens ce vent tiède qui nous court dans le dos ?

C’est l’haleine de juin, le souffle d’Arcimboldo

 

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