Arcimboldodejuin

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Le Fou Coucou Cembro

Quand je serai guitariste rabougri de la trogne

Racorni comme une vieille paume du bout de ses doigts

J’irai banjo dos, grimper l’alpage une dernière fois

M’assoir tailleur aux quatre vents

Entre Edelweiss et Lavandin

Tête asphodèle, pieds paturins

Prendre le pouls des roches

Aux pulsatilles des Alpes

Attendre le train des cimes cousin des pignes

Celui qui arrive toujours trop tôt

T’emmener au pays où personne ne va

D’où l’on ne revient jamais

Jouer l’ultime funambule Zénith

Le saltimbanque des faites

Sur les frettes défaites de ma guitare bandoulière

Pris sur le vif d’une ligne de vie trop courte

J’irai trouver d’autres mots

A murmurer l’oreille montagne

A crier gorge déployée des vallées

M’en faire claquer les cordes vocables

M’empoumoner d’hypoxie

M’enivrer d’altitude

Fredonner des rimes de faunes aphones

Et psalmodier des vers sans dessous, bondissant dessus les monts

En gigue animale difforme

Enfin m’assoir sabots ballant le vide

Contempler couchant bordé de soleil

Écouter libellules coincer la bulle du crépuscule

Animalcules qui gesticulent

Jusqu’aux derniers rayons des heures

Clin d’oeil d’aïeul d’ailleurs

Puis se rappelant que tout ça est vain

Se souvenant que les mondes perdus

Comme un écho lointain

Un collier mille pensées d’aster et sauge campanule

Me fera un blanc manteau de Viso où mêle l’ancolie à l’écharpé nuage

Ce sera un jour beau septembre

Mois colchiques des prés

Arcimboldodejuin auteur thym romarin des senteurs chantonnées

Posera sa patte poilue de bête dans ta menotte ouverte

Laissant son cœur à sa place près du tien

Là où il a toujours eu son été, dès maintenant et à jamais demain

Dans un frémissement sapin

Un bruissement d’ailes bourdons

Une brise sycomore

Un siffloti hirondelle, deux battements colibris

Une vague graminée

Un gazouillis sourcier

Portant effluve lavande jasmin genévrier

Lombarde soufflera sa bougie

Le fou coucou cembro de son horloge aubier

Saoul de ces arômes des prés

Oubliera finalement de chanter

S’arrêtera alors le train des cimes cousin des pignes

Celui qui arrive toujours trop tôt

T’emmener au pays où personne ne va

D’où l’on ne revient jamais

 

Allez rentrons

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