Le Fou Coucou Cembro
- Par arcimboldodejuin
- Le 08/06/2025
Quand je serai guitariste rabougri de la trogne
Racorni comme une vieille paume du bout de ses doigts
J’irai banjo dos, grimper l’alpage une dernière fois
M’assoir tailleur aux quatre vents
Entre Edelweiss et Lavandin
Tête asphodèle, pieds paturins
Prendre le pouls des roches
Aux pulsatilles des Alpes
Attendre le train des cimes cousin des pignes
Celui qui arrive toujours trop tôt
T’emmener au pays où personne ne va
D’où l’on ne revient jamais
Jouer l’ultime funambule Zénith
Le saltimbanque des faites
Sur les frettes défaites de ma guitare bandoulière
Pris sur le vif d’une ligne de vie trop courte
J’irai trouver d’autres mots
A murmurer l’oreille montagne
A crier gorge déployée des vallées
M’en faire claquer les cordes vocables
M’empoumoner d’hypoxie
M’enivrer d’altitude
Fredonner des rimes de faunes aphones
Et psalmodier des vers sans dessous, bondissant dessus les monts
En gigue animale difforme
Enfin m’assoir sabots ballant le vide
Contempler couchant bordé de soleil
Écouter libellules coincer la bulle du crépuscule
Animalcules qui gesticulent
Jusqu’aux derniers rayons des heures
Clin d’oeil d’aïeul d’ailleurs
Puis se rappelant que tout ça est vain
Se souvenant que les mondes perdus
Comme un écho lointain
Un collier mille pensées d’aster et sauge campanule
Me fera un blanc manteau de Viso où mêle l’ancolie à l’écharpé nuage
Ce sera un jour beau septembre
Mois colchiques des prés
Arcimboldodejuin auteur thym romarin des senteurs chantonnées
Posera sa patte poilue de bête dans ta menotte ouverte
Laissant son cœur à sa place près du tien
Là où il a toujours eu son été, dès maintenant et à jamais demain
Dans un frémissement sapin
Un bruissement d’ailes bourdons
Une brise sycomore
Un siffloti hirondelle, deux battements colibris
Une vague graminée
Un gazouillis sourcier
Portant effluve lavande jasmin genévrier
Lombarde soufflera sa bougie
Le fou coucou cembro de son horloge aubier
Saoul de ces arômes des prés
Oubliera finalement de chanter
S’arrêtera alors le train des cimes cousin des pignes
Celui qui arrive toujours trop tôt
T’emmener au pays où personne ne va
D’où l’on ne revient jamais
Allez rentrons
arcimboldodejuin meleze cime montagne echo