Goubbet
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De 14 à 15
- Par arcimboldodejuin
- Le 08/10/2017
Souvenir du nouvel an 2015, Ghoubbet El Kharab, République de Djibouti
Un peu de vin de palme, quelques gouttes d’essence de tuba, une gorgée de liqueur de néoprène.
A la manière d’une trace de pas laissée dans le sable humide d’une plage perdue,
Versons un peu d’encre sur le fond sablonneux d’une page vierge.
Une page comme une plage de nouvel an en somme,
De sable blanc déserte tropicale abandonnée.
Une plage où se perdre comme des pirates
Pour y enterrer le trésor des souvenirs, mais ne pas l'oublier.
Une page écrite à la plume de poisson perroquet,
A l’encre fraiche, pourquoi pas de seiche ?
Chaussé d'une jambe de bois, flotté bien entendu,
Sur parchemin à l’épreuve du temps, en récif corallien.
Laissons l'oeil borgne se remémorer ces jours passés.
Appâtés par quelques photos triées sur un volet de boutre yéménite,
La mémoire vient mordre de belles cicatrices
Dans ces mots laissés à la traine.
Ca s’est passé le 31 de l'année, là l'an a trépassé
Nous l'avons sabordé, coulé, immolé
Ici furent les obsèques de l’année écoulée.
Entre ile du diable et passe maudite
Du Goubbet Al Kharrab. Voilà la suite:
Notre esquif a glissé sur la voie lactée pour gagner la baie des étoiles.
Sur la plage immaculée, l'ancre déposée dans l’encrier.
Du blanc écarlate au rose orangé, les pinceaux du grand peintre ont glissé
Des reliefs désertés aux vaguelettes argentés, sur le sable le bucher allumé
A donné le signal de la nuit tombée en panaché de couleurs dans le ciel mélangées
Isolés du monde, sous un ciel constellé drapé de nuit cristalline
Bercés de ressac, rafraîchis de brise marine
Dans les braises de notre feu de camp, 2014 s'est consumée
Le crime était parfait, on ne la retrouvera jamais.
La lune et les étoiles de mer en seules témoins
Nos pieds nus dansant dans ses cendres sur le sable africainQuand il a fallu remettre les voiles, la tête lourde pour certains,
La mémoire pleine pour tous, le feu sur la plage n’était pas éteint.Nous avons écrit dans le sable l’histoire de nos méfaits,
Comptant bien sur la marée pour les effacer.
On ne retrouvera jamais cette année ensablée,
Mais elle repose en paix, on ne l'oubliera jamais.