Le Mal Effet
- Par arcimboldodejuin
- Le 16/06/2024
Il est 3 verres de rhum moins quelques centilitres au cul sec du verre digestif.
La route s’insinue au fil des pneus entre les graminées sauvages qui traversent la route dans la lumière des phares.
A moins que ce soit l’inverse, on est peut-être parti dans le décor.
Va savoir.
En tout cas il est beau le décor. Même à l’envers, même de nuit, même noir.

Aux palmiers royaux qui se penchent sur nous
Succèdent des flamboyants succédanés de soleil couchant.
A moins que ce soit des milliers de lunes rouges
Qui nous épient dans les raies jaunes de nos lucioles d’ampoules.

On saura jamais.
La nuit nous emporte au bout du chemin qu’un peu de vice-versa
A 70 degrés dans nos derniers apéros Karaïbe.
A moins que ce soit l’inverse.
Qui peut le dire.

Dans notre sillon goudron la jungle se referme sur nous de tous ses bruits tropiques.
Les chants des visions nocturnes.
Grillons cacophones,
Cigales époumonées
Et grenouilles à tue-tête
Tambourinent aux tympans derrière lesquels coule encore un Bielle Marie Galantais qui en a rendu plus d’un aveugle.
Mais c’était peut-être du Bellevue du Père Labat.
Ici ou là on ne sait plus, l’étiquette était floue.

Floue comme la route qui rétrécit dans le champ visuel de notre panorama pare-brise.
Bondissant de bouquets Acomats en bosquets Mahogany.
On rebondit maintenant sur les bambous démesurées qui pullulent la végétation
En même temps que des grosses gouttes s’écrasent au sol et s’évaporent sur la route chaude.
Leur vapeur colle.
La sueur des cieux équateurs.

Pas de raison qu’on soit les seuls à trinquer.
70 degrés dans le verre, 35 dans l’air.
Une heure du mat.
Une averse qui ne rafraichit rien.
Même pas les idées.
Trop tard, maléfice.
L’alkool est dans sang.
Le mal effet du venin de kanne s’est immiscé.

Au détour d’un figuier maudit
Entre branchage de brousse savane
Contre toute attente
En verre tout espoir, la maison et sa varangue.

Elle aura fini par nous retrouver.
Nous sommes arrivés.
Allez rentrons.

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