Aups
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La machine à remonter l'enfance
- Par arcimboldodejuin
- Le 01/06/2020
Ressac du printemps qui revient
Etanche d’embruns méditerranéens
Les lèvres immaculées du gisant d’albâtre
Dont le cœur d’hiver a cessé de battre
Susurre lui à l’oreille d’autres latitudes
L’accent murmure des pinèdes du sud
Rappelle lui l’écho cristallin des rires adolescents
Dévalant la caillasse des pierriers, insouciants
Bondissant des genêts de restanque
Roulant dans les bruyères des calanques
Gamins des garrigues s'écrivant des histoires à l’encre térébenthine
Assis sur les blancs bancs calcaires ensoleillés des cimes
Prenant récréation face au grand tableau bleu que l'horizon dessine
Les minots lumineux de l’école espigau tous tachetés de soleil
Avec les joues qui peguent aux confitures des tartines, à moins que ce soit la résine ou la salsepareille
Desserre ces doigts crispés sur la poitrine de marbre
Redonne quelques couleurs à ce masque macabre
Dis lui encore les beaux souvenirs, qu’ils brisent son silence
Que vibre dans ta voix le doux moteur de la machine à remonter l'enfance
Le son du vieux vinyle, crachotis gramophone
Grésillement de cigale dans sa poitrine d’homme
Rappelle lui les cyprès d’aussi loin que porte ta mémoire
La torpeur des étés sous un ciel miroir
Où s’évaporent lavandes en sol et cades genévriers
Conte les hautes herbes, les buis, l’azur des oliviers,
Le sang veineux des tomettes, l’hululement des chouettes,
l’iode des mouettes,
L’ombre en poudre d’escampette,
L’or sourcier des garrigues arides
Et son caniard avide qui burine les rides
Le roulement du tonnerre d’aout
qui ne donnera aucune goutte
Orages secs à punir les bossus
Ce Païsse est sans eau alors ne compte pas dessus
La terre rouge des pots sans plume,
Les vignes vierges des tonnelles forgées dans le midi de l’enclume,
Le cri perdu des hirondelles, leur nid sous les tuiles
Les navettes, les calissons, les pompes à l’huile
Le lichen des chênes verts, liège et l’amadou sous la paume
L’arôme graminé dont l’herbe coupée embaume
La fraîcheur des Baumes sombres des bois caniculaires
L’argile du sol craquelé sous les mains du brasier solaire
Le chuchoti des grillons dans les mûres des champs abandonnés
Les vieux lierres des vieux murs des sentiers égarés
Le mimosa, les pins parasols alanguis sous l’été
Le battement régulier du cœur diesel
Des pointus de bois flotté
Glissant sans plis dans l’aube pastel
Trainant gabians en palanquée à la criée
La Méditerranée qui fait tous les bleus pour les yeux
Et frissonne en reflets argentés quand Mistral et Meltem l’escagassent un peu
Parle lui de la voilure centenaire des marronniers démesurés
Des haubans d’écorce où les enfants s’attachent mains et pieds
De l’heure où la lumière rosée efface les minutes des cadrans solaires
Où l’éreintante étreinte de la brûlure du jour se desserre
Alors vient le coassement des grenouilles dans la pénombre des cours d’eau assoupis
Le clapotis noctambule des fontaines aux placettes villageoises à minuit
La douce paix nocturne scandée aux villages des clochers endormis
Verse enfin sur ces lèvres bleuies
Un peu de l’élixir qui redonne la vie
L’arôme distillé du pays sur l’alambic des bergers
Senteur des collines, thym, romarin, laurier, paturin
Qui instille les souvenirs d’Arcimboldodejuin