Arcimboldodejuin

sahara

  • Peau de plage

    Comme ne le dit aucun dicton
    Tant va le printemps à l’eau qu’il faut prendre la tangente à Tanger
    Question de survie morale.
    A Orly au terminal des tropiques
    On a pris l’exit dans un taxi diesel
    Tacot mobile berbère du désert
    On a roulé plein sud sans s’arrêter
    Cravachant à plein poumon notre liberté
    Toutes vitres ouvertes, dévorant la poussière du djebel à pleines dents
    S’enivrant de goulées de piste à pleine moustache
    On s’est fait la bielle jusqu’à la couler, loin
    Au bout d’un lit d’oued perdu sous une couverture bleue ciel d’azur

    Ainsi tarit la chevauchée, dans un fesh fesh de rêve
    Le capot éventré du moteur surchauffé, fume ses dernières larmes puis sombre fissa fissa
    On n’repartira p’tet jamais inch’allah alors on en profite un chouïa
    Une belle pause dans le bac à dunes du grand erg saharien
    Assis sur le cuir d’une peau de plage à l’infini dentelle
    A caresser le grain fin de l’épiderme sable
    Un lieu que l’eau a déserté, ou les palmiers sont évaporés
    La vit le marchand de rêve en indigo gandoura
    Sous un chèche sang tamarin il distribue des panomirages à perte de vue
    Dans le gazouillis d’un thé menthe versé cent fois, il fait naitre les hallucinations tant recherchées
    Ma dope à mine de crayon
    Alors s’en va courir la plume
    Sur des vagues d’horizon qui donnent le mal d’éphémère
    Celui d’un paysage mouvant
    Où ne chemine que le vent
    Il dessine des arabesques légères dans cette poudre d’océan targuie
    Tapis dans un silence d’orient nous ne pouvons que l’effleurer
    Derrière le moucharabieh de nos vies, il y a au Sahara un monde d’éternité qui nous est interdit
    Damné pays des djinns que les vivants ne peuvent qu’appréhender

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