فش فش Mémoire
- Par arcimboldodejuin
- Le 20/07/2024
Indes Françaises de l’Ouest. 20 juillet 2024.
Il est 3 verres de Lekouz moins une Lézarde à l’apéro Carib’ de la varangue Corsair’.
Désertée comme une île au trésor.
Avec son butin de souvenirs fantômes qui trainent leurs chaines immatérielles sur le ponton.
La jambe de bois sur une coco, et coco aussi sur l’épaule, le volatile pas la coque.
Lui et moi on sirote un vieux rhum de derrière les magots. Aussi sec !


A force d’écrire alkool on va finir par croire que je penche bouteille.
P’têt ben qu’oui dirait mon moi normand, mais il n’existe pas, alors le doute est permis.
Sur ces pensées vareuses, quelques nuages varech saumonent ma ligne bleue des Vosges, au fond de mon verre.
Quand le temps mélange l’espace, s’écrèment alors les jours.
On est peut-être passé dans un trou de verre de ratafia, cul bu sec.

Mais où ont donc coulé ces deux dernières années ? Pas dans mon gobelet plastoc en tout cas.
Labat sans doute.
Par le fond 6 pieds sous mer ou les racines prunier de Cythere à en croire les étendues bleues et vertes qui nous entourent.
Ensablées à la suite des autres dans le fech fech de notre mémoire.
Le فيش فيش tiens, je vais trinquer à l’érosion éolienne des étendues minérales infinies et lever mon verre à la santé poussière des ergs.
La brume de sable.
La poudre de vent.
Le carburant des rêves.
Il nous jette aux yeux les envies d’escampette, souffle sur les braises d’évasion et vaporise aux souvenirs des paillettes d’oubliette.
Posé au sable d’une plage imaginée au pelage immaculaire,
Je regarde ainsi le vent feuilleter le livre spirale de notre vie,
Et feuiller ses écrits, murmurer ses syllabes, il part piller ses lettres,
Tandis que les derniers rayons burinent encore un peu le cuir grossier de sa peau de couverture.

La vento c’est l’aventure dirait l’autre. Le frisson d’une promesse en l’air à suivre en courant derrière.
Courant d’air hier ? Mistral ou Meltem.
Aujourd’hui ? Alizés.
Demain ? Simoun, Shehili, Mezzar-ifoullousen, Ponant, Chergui, Gharbi, Barrani, Guebli, Lombarde peut-être. Allez savoir.
Khamsin. Certainement.
De quoi faire largement et longtemps flotter mon étendard de cheche تشيتشي
Et gonfler ma gandoura غندورة d’orgueil,
Avant que de les emporter l' un et l’autre avec eux. L’air de rien.

Et pendant que je délire ma dérive méridienne, la brise évente toujours les feuillets du calepin que je tiens.
Je vais grimper aux tranches de la branche d’une page pour regarder derrière et voir devant.
Me relire pour rallier ce présent qui nous relie au temps qui court toujours.
Me remettre à la page dans l’air du temps.
Le soudoyer peut-être de nous rendre ces deux ans qu’il nous a subitement volatilisés.
Réécrire les noms qui vont s’effacer
Revoir les lieux qui vont s’oublier
Recolorer les visages qui vont s'argenter
Mais tout ça est vain.
Le temps joue les filles de l’air et ne revient jamais sur ses écrits.
Il les grave en noir & blanc. A jamais.
On connait bien cette chanson.
Et pour plagier l’anonyme poète des antipodes
"On en connait aussi l’effet sans l’air.
Surtout quand on vit la tête en bas”
Allez rentrons
Peux pas, j'ai les Samaras ensablées

arcimboldodejuin Plage Guadeloupe tropique Karukera