Blog
-
Des souvenirs Masaï
- Par arcimboldodejuin
- Le 27/11/2020
Emergeant de la canopée goudron
Le viaduc béton toise la vallée minière
Arachnide asphalte à la toile ruisselant de fer
Où s’accroche un brouillard comme un cancer au poumon
Dans la mémoire étriquée du rétroviseur plastique
Des volutes souvenirs Masaï
Par delà le vent de sel des dunes autoroutes
Filtrant dans la forêt pas vierge des pylônes électriques
Loin vers l’Est un soleil savane dissipe des hyènes de brume
Ces cabots météo aux basques de la fourmilière
Lévriers efflanqués aux trousses des retardataires
Qu’un revers de main solaire évapore et consume
-
La machine à remonter l'enfance
- Par arcimboldodejuin
- Le 01/06/2020
Ressac du printemps qui revient
Etanche d’embruns méditerranéens
Les lèvres immaculées du gisant d’albâtre
Dont le cœur d’hiver a cessé de battre
Susurre lui à l’oreille d’autres latitudes
L’accent murmure des pinèdes du sud
Rappelle lui l’écho cristallin des rires adolescents
Dévalant la caillasse des pierriers, insouciants
Bondissant des genêts de restanque
Roulant dans les bruyères des calanques
Gamins des garrigues s'écrivant des histoires à l’encre térébenthine
Assis sur les blancs bancs calcaires ensoleillés des cimes
Prenant récréation face au grand tableau bleu que l'horizon dessine
Les minots lumineux de l’école espigau tous tachetés de soleil
Avec les joues qui peguent aux confitures des tartines, à moins que ce soit la résine ou la salsepareille
Desserre ces doigts crispés sur la poitrine de marbre
Redonne quelques couleurs à ce masque macabre
Dis lui encore les beaux souvenirs, qu’ils brisent son silence
Que vibre dans ta voix le doux moteur de la machine à remonter l'enfance
Le son du vieux vinyle, crachotis gramophone
Grésillement de cigale dans sa poitrine d’homme
Rappelle lui les cyprès d’aussi loin que porte ta mémoire
La torpeur des étés sous un ciel miroir
Où s’évaporent lavandes en sol et cades genévriers
Conte les hautes herbes, les buis, l’azur des oliviers,
Le sang veineux des tomettes, l’hululement des chouettes,
l’iode des mouettes,
L’ombre en poudre d’escampette,
L’or sourcier des garrigues arides
Et son caniard avide qui burine les rides
Le roulement du tonnerre d’aout
qui ne donnera aucune goutte
Orages secs à punir les bossus
Ce Païsse est sans eau alors ne compte pas dessus
La terre rouge des pots sans plume,
Les vignes vierges des tonnelles forgées dans le midi de l’enclume,
Le cri perdu des hirondelles, leur nid sous les tuiles
Les navettes, les calissons, les pompes à l’huile
Le lichen des chênes verts, liège et l’amadou sous la paume
L’arôme graminé dont l’herbe coupée embaume
La fraîcheur des Baumes sombres des bois caniculaires
L’argile du sol craquelé sous les mains du brasier solaire
Le chuchoti des grillons dans les mûres des champs abandonnés
Les vieux lierres des vieux murs des sentiers égarés
Le mimosa, les pins parasols alanguis sous l’été
Le battement régulier du cœur diesel
Des pointus de bois flotté
Glissant sans plis dans l’aube pastel
Trainant gabians en palanquée à la criée
La Méditerranée qui fait tous les bleus pour les yeux
Et frissonne en reflets argentés quand Mistral et Meltem l’escagassent un peu
Parle lui de la voilure centenaire des marronniers démesurés
Des haubans d’écorce où les enfants s’attachent mains et pieds
De l’heure où la lumière rosée efface les minutes des cadrans solaires
Où l’éreintante étreinte de la brûlure du jour se desserre
Alors vient le coassement des grenouilles dans la pénombre des cours d’eau assoupis
Le clapotis noctambule des fontaines aux placettes villageoises à minuit
La douce paix nocturne scandée aux villages des clochers endormis
Verse enfin sur ces lèvres bleuies
Un peu de l’élixir qui redonne la vie
L’arôme distillé du pays sur l’alambic des bergers
Senteur des collines, thym, romarin, laurier, paturin
Qui instille les souvenirs d’Arcimboldodejuin
-
Cornemuse bruyère
- Par arcimboldodejuin
- Le 17/03/2020
Un Eire biniou court sur la lande
Le long des pierres dressées aux lichens calleux
Dans les sentiers douaniers des cotes escarpées
Dominées de dolmens aux triskels ridés
Sous une bruine battante à faire palir la tourbe
Une silhouette cornemuse debout dans les bruyères
Haut sur les falaises arquées contre les vents de mer
Expire un crachin chair de poule, contre vents et marées
L’âme de fond, entonnée entre éclairs et tonnerre
D’un tartan vert patrick, en kilt irlandais
Ranime les spectres de brume aux penchants naufrageurs
Les écueils de varech sous l’écume Kilkenny
La pinte de l’océan contre le ring Kerry
-
L'Air mitral
- Par arcimboldodejuin
- Le 02/03/2020
Un froid saumoné embrase les cimes
Insoupçonnable rose des sables blancs flamboyant dans un soleil couchant
Fait vibrer la Voie lactée givrée où des astres de flocons scintillent inutilement
Cette neige sucrée de glace fait crisser sur les crêtes un air mitral
Une mélodie qui souffle au cœur une nostalgie dans la poitrine
Une berceuse pour que les mélèzes allongent leur ombre
Sur un vison immaculé d’une piste aux étoiles désargentées
Où le temps semble s’être lui aussi figé
Sans trace, sans ride, sans âge, sans la grouillante civilisation
Pourvu que ça ne soit pas la mélopée d’un monde en voie de disparition
-
Vers d'hiver
- Par arcimboldodejuin
- Le 02/03/2020
Poème dix vers
Au diable le linceul gris du ciel d’hiver
Pied au plancher de mon tombeau ouvert
J’ai vu le ciel croque mort mordre la poussière
Ce matin dans le rétro de mon cheval de fer
Sur la cote des vendanges tardives, enfin la lumière
Le jupon bleu écarlate de la belle bergère
Semant de nuageux moutons pour le grand Patre solaire
Pastorale pastel éphémère
Revoilà le brouillard, le gel, l’hiver
-
Lorraine
- Par arcimboldodejuin
- Le 27/01/2020
Lorraine est une femme battue
Hantant une lande éventrée de labours boueux,
Parcourue d’ogre Haut fourneau aux pieds de mine
Elle ouvre ses paupières matinales sur des aurores ecchymoses
Où des yeux au bleu délavé à coup de trique climatique
Contemplent à perte de vue l’horizon hématique
Scarifiée de village rue dont les brancards béton
Charrient des spectres de gueules noires qui furent aussi cassées
Saignée aux quatre veines de charbon de bois de fer
Il ne faut pas se mentir sa vie est un enfer
Où se pansent des blessures Maginot pas imaginaires.
-
Croute de sel et nasse de givre
- Par arcimboldodejuin
- Le 14/12/2018
Sous son revêtement luisant le gel s’enlace un ruban de route
Son cristal crisse sous sa croute de sel quand il l’embrasse
Loin devant les yeux des feux stop zigzaguent leurs traces
Balises en détresse d’artifice glissant de place en place
Jusqu’à se prendre en masse dans un brouillard en nasse
Du bitume en croûte de glace
Le menu de l'hiver au petit déjeuner
Où gît l'autoroute givrée
Un sorbet dans la gueule façon gibier
une main bleuie que le froid a gantée
L'a prise par le colbac et l'a violentée
Lui secouant l'asphalte en débris frigorés
Son dernier souffle éteint en nuage bleuté
Elle est allongée dans les étendues gelées
Moribond enrobé glacialement mortifié
Tant pis pour les égarés malheur aux naufragés
Les forêts se sont tues, l'asphalte est pétrifié
-
Meules sarabandes
- Par arcimboldodejuin
- Le 01/12/2018
J’ai pris la clé des champs sous le paillasson de goudron
Franchissant les bosquets fuguant dans les sentiers
Bondissant de bocages en amont des futaies
Je suis tombé sur des meules ébouriffées sur l’horizon
Un vent joueur semait leurs fétus
Chef d’orchestre végétal droites dans leurs bottes de paille
Au beau milieu d’une farandole épouvantail
Elles jouaient la valse de la substantifique moelle
Faisant fi de ce foin une liane m’a pris les mains
On a ri, chanté et dansé à tue tête
Une pastorale d’herbes, de Faunes, de bêtes
Mâchonnant des brins d’elles
On s’est roulé dans les sauterelles
Au crépuscule des nuées j’étais devenu Peul
Humant l’amère mélange des sarabandes de meules
Dans les vapeurs ambrées d’une rosée du soir
Assis dans les prés, étendus sous les astres
A ne surtout pas parler, nous écoutant nous taire
Eperdus sous le silence lacté des millénaires
Poète point égaré, au contraire à sa place
Conteur des herbacées, sans un sou et sans piastre