Arcimboldodejuin

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  • Nuit abyssine

    05 décembre 2013, souvenir d'une nuit sur la plage des sables blancs, République de Djibouti

    Menant ses moutons de nuage le soleil poursuit son éternelle transhumance
    Tadjourah le salue, derrière le mont Goda il descend en vacances
    Assis sur les sables blancs l’homme admire sa déclinante errance
    Ephémère illumination et quotidienne extinction du monde depuis sa naissance

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    L’astre en partance, flamboie, rougeoie, se consume sans s’éteindre, en douceur
    La voie lactée, les étoiles et la lune lui courent après, elles n’en ont même pas peur
    Et avant qu’il expire, déjà éparpillent le ciel de leur tiède blancheur
    Tirant le voile du jour qui cache leur lueur, jet de poussière de verre dans la main du semeur

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    Le ciel africain s’allume et nous envoûte
    Une seule idée en tête, allongé sous la voûte
    Tandis que l’air marin berce lentement les boutres
    Boire ce spectacle jusqu’à la dernière goutte
    User sa rétine sur le fond de l’abîme
    Voir le granité de lumière que la nuit noire anime
    Car parmi ces milliards de paillettes, certaines se mutinent
    Elles tombent en brûlant, sans jamais atteindre la terre abyssine
    Le cri muet des astres est soufflé par le vent
    Immuable, intouchable et pourtant si vivant

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  • Un taxi pour Djibout

    Djibouti le 27 juin 2015
    27 juin, anniversaire de l’indépendance. Dans ce qui était une voiture et qui est maintenant un taxi djiboutien. Une chose blanche et verte, mue par un moteur mou et fumant du pot. A moins que ce soit la route ondulante qui l’emporte…ou le diable. Les 53 degrés environnant pourraient bien faire de ce trajet un enfer. Le bitume défile sous le plancher absent tandis que le véhicule slalom entre les piétons et les trous. Le chauffeur tuberculeux ouvre de temps à autre la portière pour expectorer sa contagion sur le goudron. Spécialiste de la conduite en triple file sur les simples voies, le taxi rebondit d’un virage à un autre aux sons de sa carlingue déliquescente et de ses amortisseurs absents. Vague odeur de friture et de plastique fondu. D’ailleurs les portières collent et les sièges aussi bizarrement. La moumoute synthétique qui couvre le tableau de bord a le poil haut et sale. Un cintre métallique tordu retient l’ensemble pour ne pas qu’il tombe sur les genoux du pilote. Enfoncé dans son siège, le bras pendant par une portière ou la vitre n’existe plus, ce dernier ne contrôle rien du tout car il ne discerne pas la route à travers tous les grigris qui pendent du rétroviseur (ah oui, tiens il y a encore un rétroviseur). Quand bien même il verrait où il va, il ne le verrait pas, aveuglé par le khat qu’il broute. Joue de hamster, dents vertes, yeux de hibou.
    Arrivée à destination. Allez rentrons.


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  • Au diable le maïs

    Le diable fouette sa femme au-dessus des maïs ce soir
    La catin rit à chaudes larmes sous la lanière de cuir
    Tandis qu'elle dilacère le gris sale de ses nuages de chaire
    Dévoilant une peau de pêche de ciel au dessus des champs
    Pluie sur le pare-brise, soleil dans le rétroviseur
    si c'est ça l'enfer, je veux bien couper le moteur
    Arrêter de se dépêcher, et pêcher à être damné
    Prendre le temps de se fondre dans ces maïs endiablés.

  • Volute cycliste

    Un vélo fugitif s'évade dans les prés d'octobre qu'une lumière d'ambre arase
    Au milieu des vaches ruminant un rêve de train qui n'en est pas un
    Le bicycle dévale dans l'herbe évanescente
    Quelques chiens de brume à ses trousses
    Et s'évapore alors que l’air s’embrase et l'ambre s’éteint
    Ne laissant en chemin que l'ombre incertaine de sa présence 
    Volute de souvenir d’un beau soir d’automne
    Celui d'un pré d'octobre qu'une lumière d'ambre arase.

  • L'air vache

    Quand je serai guitariste
    J'irai compter fleurette aux mille noiraudes du plateau
    Une marguerite en embuscade au coin des lèvres 
    Grattant un air bohème sans tâche pour les vaches
    Un courant d'air revêche sans parole au gré des vents
    Les doigts de pieds en éventail d'arpège dans l'herbe grasse d'alpage
    La tête dans les pétales duveteux qui saupoudrent le ciel
    L'âme en goguette semée aux quatre champs

  • Echo buissonnier

    Loin du monde
    Il marche sur les cimes
    Où la pierre mise à nue par le temps qui passe
    Est battue par le temps qui souffle
    Et que rien ne maitrise ni n'arrête
    Ivresse hypoxique d'un vagabondage d'altitude
    Echo buissonnier d'une liberté qu'aucun pas ne repait
    Pourvu que chacun l'éloigne de la foule.
    Fuyons vers les sommets.

  • Endorphine

    Ecumant Graves vignes
    Souffle court, cœur aux babines
    Voilà crampes et toxines 
    Les deux épines, les sales copines
    A l'affût quand le sentier usine
    Les pieds que la piste assassine
    Soufflé d'orteils aux phlyctènes sanguines
    Sur la crête les fougères qu'un air frais anime 
    Annoncent Haut Laffite, haute grille, bouffée ventoline
    Sombre raisin, rouge sang, l'hémoglobine 
    Sentiers sableux et pour la rime chênes, pins, pignes,
    Morricone trompette dans l'ouïe en sourdine
    Distillent l'endogène rustine
    Soulage moi endorphine

  • L' automne nous a cerné

    De tout son fouet la pluie flotte en trombe ce bitume civilisé.
    De tout son long l'asphalte à quatre épingles est délavé.
    De tout son loin l'horizon plombe d'un ton grisé ce ciel rincé.
    A perte de vue, l'automne nous a cerné.
    En attendant l'indien de l'été, l'esprit dit vague à l'âme en souvenir des plages,
    soleil au coeur lui répond l'âme, ci git loin à l'intérieur
    mais comme juin jamais ne meurt.