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Nuit abyssine
- Par arcimboldodejuin
- Le 22/09/2017
05 décembre 2013, souvenir d'une nuit sur la plage des sables blancs, République de Djibouti
Menant ses moutons de nuage le soleil poursuit son éternelle transhumance
Tadjourah le salue, derrière le mont Goda il descend en vacances
Assis sur les sables blancs l’homme admire sa déclinante errance
Ephémère illumination et quotidienne extinction du monde depuis sa naissance
L’astre en partance, flamboie, rougeoie, se consume sans s’éteindre, en douceur
La voie lactée, les étoiles et la lune lui courent après, elles n’en ont même pas peur
Et avant qu’il expire, déjà éparpillent le ciel de leur tiède blancheur
Tirant le voile du jour qui cache leur lueur, jet de poussière de verre dans la main du semeur
Le ciel africain s’allume et nous envoûte
Une seule idée en tête, allongé sous la voûte
Tandis que l’air marin berce lentement les boutres
Boire ce spectacle jusqu’à la dernière goutte
User sa rétine sur le fond de l’abîme
Voir le granité de lumière que la nuit noire anime
Car parmi ces milliards de paillettes, certaines se mutinent
Elles tombent en brûlant, sans jamais atteindre la terre abyssine
Le cri muet des astres est soufflé par le vent
Immuable, intouchable et pourtant si vivant
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Un taxi pour Djibout
- Par arcimboldodejuin
- Le 22/09/2017
- Dans Voyages
Djibouti le 27 juin 2015
27 juin, anniversaire de l’indépendance. Dans ce qui était une voiture et qui est maintenant un taxi djiboutien. Une chose blanche et verte, mue par un moteur mou et fumant du pot. A moins que ce soit la route ondulante qui l’emporte…ou le diable. Les 53 degrés environnant pourraient bien faire de ce trajet un enfer. Le bitume défile sous le plancher absent tandis que le véhicule slalom entre les piétons et les trous. Le chauffeur tuberculeux ouvre de temps à autre la portière pour expectorer sa contagion sur le goudron. Spécialiste de la conduite en triple file sur les simples voies, le taxi rebondit d’un virage à un autre aux sons de sa carlingue déliquescente et de ses amortisseurs absents. Vague odeur de friture et de plastique fondu. D’ailleurs les portières collent et les sièges aussi bizarrement. La moumoute synthétique qui couvre le tableau de bord a le poil haut et sale. Un cintre métallique tordu retient l’ensemble pour ne pas qu’il tombe sur les genoux du pilote. Enfoncé dans son siège, le bras pendant par une portière ou la vitre n’existe plus, ce dernier ne contrôle rien du tout car il ne discerne pas la route à travers tous les grigris qui pendent du rétroviseur (ah oui, tiens il y a encore un rétroviseur). Quand bien même il verrait où il va, il ne le verrait pas, aveuglé par le khat qu’il broute. Joue de hamster, dents vertes, yeux de hibou.
Arrivée à destination. Allez rentrons.
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Au diable le maïs
- Par arcimboldodejuin
- Le 21/09/2017
Le diable fouette sa femme au-dessus des maïs ce soir
La catin rit à chaudes larmes sous la lanière de cuir
Tandis qu'elle dilacère le gris sale de ses nuages de chaire
Dévoilant une peau de pêche de ciel au dessus des champs
Pluie sur le pare-brise, soleil dans le rétroviseur
si c'est ça l'enfer, je veux bien couper le moteur
Arrêter de se dépêcher, et pêcher à être damné
Prendre le temps de se fondre dans ces maïs endiablés. -
Volute cycliste
- Par arcimboldodejuin
- Le 09/09/2017
Un vélo fugitif s'évade dans les prés d'octobre qu'une lumière d'ambre arase
Au milieu des vaches ruminant un rêve de train qui n'en est pas un
Le bicycle dévale dans l'herbe évanescente
Quelques chiens de brume à ses trousses
Et s'évapore alors que l’air s’embrase et l'ambre s’éteint
Ne laissant en chemin que l'ombre incertaine de sa présence
Volute de souvenir d’un beau soir d’automne
Celui d'un pré d'octobre qu'une lumière d'ambre arase. -
L'air vache
- Par arcimboldodejuin
- Le 30/08/2017
Quand je serai guitariste
J'irai compter fleurette aux mille noiraudes du plateau
Une marguerite en embuscade au coin des lèvres
Grattant un air bohème sans tâche pour les vaches
Un courant d'air revêche sans parole au gré des vents
Les doigts de pieds en éventail d'arpège dans l'herbe grasse d'alpage
La tête dans les pétales duveteux qui saupoudrent le ciel
L'âme en goguette semée aux quatre champs -
Echo buissonnier
- Par arcimboldodejuin
- Le 26/08/2017
Loin du monde
Il marche sur les cimes
Où la pierre mise à nue par le temps qui passe
Est battue par le temps qui souffle
Et que rien ne maitrise ni n'arrête
Ivresse hypoxique d'un vagabondage d'altitude
Echo buissonnier d'une liberté qu'aucun pas ne repait
Pourvu que chacun l'éloigne de la foule.
Fuyons vers les sommets. -
Endorphine
- Par arcimboldodejuin
- Le 24/08/2017
Ecumant Graves vignes
Souffle court, cœur aux babines
Voilà crampes et toxines
Les deux épines, les sales copines
A l'affût quand le sentier usine
Les pieds que la piste assassine
Soufflé d'orteils aux phlyctènes sanguines
Sur la crête les fougères qu'un air frais anime
Annoncent Haut Laffite, haute grille, bouffée ventoline
Sombre raisin, rouge sang, l'hémoglobine
Sentiers sableux et pour la rime chênes, pins, pignes,
Morricone trompette dans l'ouïe en sourdine
Distillent l'endogène rustine
Soulage moi endorphine -
L' automne nous a cerné
- Par arcimboldodejuin
- Le 18/08/2017
De tout son fouet la pluie flotte en trombe ce bitume civilisé.
De tout son long l'asphalte à quatre épingles est délavé.
De tout son loin l'horizon plombe d'un ton grisé ce ciel rincé.
A perte de vue, l'automne nous a cerné.
En attendant l'indien de l'été, l'esprit dit vague à l'âme en souvenir des plages,
soleil au coeur lui répond l'âme, ci git loin à l'intérieur
mais comme juin jamais ne meurt.